Depuis toujours (French Edition) by Gabrielle Desabers

Depuis toujours (French Edition) by Gabrielle Desabers

Auteur:Gabrielle Desabers [Desabers, Gabrielle]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2021-02-24T00:00:00+00:00


31

Élodie

Ampuis, mars 2020.

Quelques secondes se révèlent nécessaires à Élodie pour qu’elle se rappelle qu’elle se réveille dans le lit de Damien. Le bras musclé qui repose sur son ventre la ramène à la gêne ressentie hier soir en se retrouvant dans son antre seule avec lui.

Il l’avait conduite dans une superbe salle de bains en l’invitant à y prendre tout son temps : il se servirait de celle qui se situait à l’autre extrémité du couloir. Après sa toilette, un malaise l’avait envahie à l’idée de devoir pénétrer à nouveau dans la chambre vêtue uniquement du grand tee-shirt qu’il lui avait prêté. Au bruit des portes, elle savait qu’il l’attendait. Elle avait aspiré une bouffée d’air pour maîtriser son angoisse avant de le rejoindre. Il était torse nu, adossé à la tête de lit, les mains derrière la nuque et la couette remontée jusqu’à la taille ; il rêvassait. Dès qu’elle avait mis un pied dans la pièce, elle avait senti ses yeux bleus perçants la détailler de haut en bas. Pourtant, à la différence des premières fois où elle l’avait côtoyé, elle n’y percevait pas le dédain qu’il y affichait au Budawi. Ses pectoraux, qu’elle n’avait jamais appréciés que cachés sous un habit, avaient happé son attention. Le petit sourire qu’il avait esquissé en voyant son regard survoler cette partie nue de son corps avait ramené Élodie à sa timidité. Figée, elle ne savait plus comment se comporter. Il l’avait sortie de sa gêne en soulevant la couette et en lui faisant signe de l’y rejoindre. À son plus grand soulagement, ce mouvement lui avait permis de constater que sa tenue globale paraissait plus décente que ce qu’il avait laissé apparent. Il portait un pantalon.

Elle s’était dépêchée de gagner le lit pour s’extraire au regard de Damien. Sous les draps, elle espérait se sentir moins fragile. Probablement conscient de son malaise, il avait rapidement éteint la lumière en l’attirant par la taille pour se lover en cuillère dans son dos. Il avait murmuré :

— Tu es très belle et j’ai très envie de toi. Je te le dis parce que de toute façon, installée de cette façon, tu t’en apercevras. Mais nous allons dormir. Bonne nuit, ma puce.

Elle avait ri. Il n’avait pas besoin de le préciser, elle avait effectivement perçu son désir. En revanche, le petit mot doux l’avait plus déstabilisée. Elle avait bafouillé un : « Bonne nuit, Damien ». Pendant quelques minutes, elle était demeurée raide à écouter le souffle de l’homme qui la serrait contre lui, puis, sans trop de difficulté, elle s’était détendue et elle s’était assoupie dans une sorte de béatitude.

Pour la première fois de son existence, elle se réveille auprès d’un représentant de la gent masculine. Elle l’observe dans son sommeil. Son air dur, qu’il affichait au Budawi, a complètement disparu. Il est totalement abandonné et son visage apaisé paraît plus jeune. Ses cheveux indisciplinés lui cachent une partie de la joue. Tout doucement, elle déplace une mèche. Elle ressent l’envie de le toucher, mais elle ne veut pas le déranger.



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